La mise en bouche berlinoise nous a donné envie d'aller plus loin, de découvrir plus, mieux, différemment, ainsi que de quitter le confort actuel, où la langue ne nous posait pas de problème. Et pour se faire, quoi de mieux que les grandes villes occidentales russes.
MOSCOU - immense cité cosmopolite
L'arrivée dans la capitale russe s'est évidemment faite en train. Premier train de nuit pour Aline, que j'avais booké en 2e classe (compartiments fermés à 4) afin de lui assurer un confort suffisant et de ne pas lui donner une fuite possible dès le début du voyage. Et déjà là, rencontre intéressante : nous rejoignent au dernier moment, un trio de femmes russes couvrant trois générations de 2 à 82 ans. Pauvre moi, enfermé pendant 23 heures avec 4 femmes : un véritable calvaire à venir...
Finalement, le trajet se passe agréablement bien malgré quelques pleurs du rejeton suivis des claques "douces" de sa babouchka qui ambiancent et rythment notre nuit. On s'essaye au russe avec un succès très moyen et pourtant on ne manque pas de bonne volonté! Y'a pas à dire les mots sont justes, mais notre prononciation rend le tout incompréhensible (et même pas un sourire d'encouragement de la part des frigos qui nous servent d'hôtesses). Après quelques heures d'entrainement logopédique et de vocalises, l'arrivée sur la lumineuse Moscou se fait de nuit, ce qui est magnifique.
L'expérience CS (CouchSurfing) peut dès lors commencer chez Nikita, notre premier hôte ever ! Jeune homme hyperactif, intéressé fortement par son futur business, il nous gratifie d'une soirée joviale autour d'une bouteille de rouge à parler voyage, travail, cuisine et évidemment de sa ville d'adoption. Devant retourner dans sa famille à l'extrême Est du pays le lendemain, il nous donnera les clés de chez lui pour les 2 prochains jours. Ceci sera le premier geste altruiste fort perpétré par un hôte de la plateforme !
La découverte de cette ville mythique s'effectue dès lors à deux, en commençant par les endroits célèbres, tels que le kremlin, la place rouge, la cathédrale St-Basil et la Rue Arbat. Nous profitons aussi d'une soirée plutôt fraiche pour voyager dans le Moscou souterrain en visitant les bouches de métro les plus impressionnantes, véritables cathédrales soviétiques d'un autre temps. Ces constructions datant essentiellement du début du siècle dernier, affichent clairement l'illusion démesurée d'une Russie post-première guerre mondiale.
La démesure, revoici un qualificatif qui pourrait être donné au parc VDNk au nord de la ville. D'une grandeur de 136 hectares, l'organisation de cet espace débuté en 1934 regroupe une multitude de bâtiments à la gloire des réalisations économiques, scientifiques et technologiques du pays, allant de la fameuse statue allégorique L'Ouvrier et la Kolkhozienne à une imitation de la porte de Brandenburg à la gloire du blé, en passant par une immense construction mettant en valeur Y. Gargarin et son véhicule de prédilection comme le premier homme à avoir effectué un voyage dans l'espace. Nous nous sommes fortement posé la question d'une telle utilité (et de son financement). Une habitante de la ville nous en donnera une réponse immédiate : "Because this is Russia and it's beautiful." En effet !
St-Petersburg - jeune ville européenne
Une nuit ballottée sur les rails nous permit de rejoindre la Venise russe, autrefois appelée Leningrad. Le fond de l'air est frais, le ciel bleu, le soleil réconfortant. Nous rencontrons dès le matin Arseniy, qui nous met à disposition spontanément sa chambre et nous prépare un repas. Le courant passe très vite avec lui et ses amis (Vlad & Cos). Nous discutons éducation, travail, voyage, bonheur... Après quelques heures à arpenter la ville en amoureux, nous retrouvons notre hôte et sa team pour passer une soirée qui s'annonce inoubliable dans une des rues animées de St-Pet'. L'ambiance est superbe, le temps passe trop vite, ou suffisamment pour que nous puissions voir, au petit matin, l'ouverture et la fermeture de 2 des 14 ponts de la ville. Le spectacle est magique et suivi par de nombreux passants (touristes ou russes ayant trop abusés de vodka). Un must-do à St-Petersburg.

Nous quittons ces trois amis le lendemain soir, après un dimanche passé à se reposer et à jouer à des jeux de société. Le coeur est lourd et les adieux pleins d'émotions. Il est très probable que nous ne nous reverrons malheureusement plus, mais cette rencontre nous a vraiment marqués et nous conforte dans l'idée de ce choix de voyage, orienté partage.

Sergei et Nellie nous accueilleront les 3 jours suivants avec beaucoup de douceur et de sympathie. Etant assez occupés, ils ne nous accompagneront cependant pas dans la suite des découvertes de la ville (cathédrale St-Isaac avec l'icône de la vierge de Kazan et parc de Peterhof, ancienne résidence des tsars russes jusqu'en 1917). Une ville que nous avons appréciée, il me semble, à sa juste valeur, en préférant parfois prendre plus de temps avec les locaux que de se perdre dans les nombreux musées possibles.
Kazan - ville hôte du Rubin Kazan, défait 2-1 contre le FC Sion le 18 septembre 2015 sur un doublé de Konaté.
Andrey vient nous chercher sur le quai lors de notre arrivée en gare de Kazan, avec un stew en plein mijotage nous attendant chez lui. Ces gestes précisent une rencontre merveilleuse, et ce sera effectivement le cas.
Situation unique et exceptionnelle : arrivé chez lui, ce gentleman de 37 ans nous propose un petit verre de vin en nous sortant une bouteille d'Apologia (Provins, Sion pour les incultes ; ou les mineurs). Surprises, rires, incompréhension... Explication : il est déjà venu de multiples fois en Suisse, principalement entre Lausanne et Fribourg, où il a des amis, et depuis quelques années vient tous les hivers à Chermignon chez d'autres amis pour le ski dans notre domaine de prédilection. Cette fois c'est sûr, au moins un hôte que nous reverrons assurément plus tard !
L'expérience vécue à Kazan est superbe. Et nous avons de la chance, car ce vendredi-là est férié avec de multiples manifestations proposées : fête culturelle Tatar dans le kremlin, exposition et courses de voiture au centre-ville et une soirée opéra russe.
Petite parenthèse culturelle : Kazan, capitale du Tatarstan, fut longtemps l'un des derniers bastions de l'empire mongol, jusqu'au milieu du 16e siècle où elle fut récupérée par Ivan le Terrible au terme d'un siège de longue haleine. Elle est aujourd'hui composée à parts égales de Tatars et de Russes. Ainsi, l'islam et l'orthodoxie s'y côtoient en toute tranquillité, minarets et coupoles se partagent joyeusement le paysage. Sur la colline du kremlin, se dresse par exemple fièrement l'emblématique mosquée Qolsharif, qui n'est cependant sortie de terre qu'en 2005.

Le soir, nous sommes invités par Andrey à aller fêter les 40 ans d'une copine en dehors de la ville, ce que nous acceptons avec plaisir. Il n'est pas nécessaire de vous faire le topo de cette soirée arrosée regroupant une vingtaine de Russes, une quinzaine de Kazakhs et deux tout petits Suisses. Le samedi fut dès lors synonyme de récupération avant une superbe expédition à l'île de Svidjk, à quelque 80 km de Kazan. Elvira et Ivan, couple russo-espagnol rencontré à l'anniversaire de l'avant-veille, passeront la journée sur l'île avec nous et partageront notre repas du soir. Bien qu'étant restés que peu de temps avec eux, nous avons eu un immense plaisir de rencontrer deux personnes aussi joyeuses et agréables.
Par rapport au programme initialement prévu, nous avons pris l'option de rester un jour de plus à Kazan pour profiter de la météo et visiter l'île et passerons dès lors seulement un unique jour à Iekaterinbourg.
Petit bilan médité dans un wagon de troisième classe entouré de 80 pieds russes :
Ces deux premières semaines passées en Russie nous ont tout d'abord confortés fortement dans l'accueil que nous réservaient les Russes, ou en tout cas ceux que nous avons côtoyés. Bien que d'apparence froide, ce peuple nous semble maintenant charmant, curieux et empli de bonne volonté pour nous aider lorsque nous en avons besoin.
D'un point de vue écologique, la Russie se situe loin derrière les standards de l'Europe. Elle ne possède par exemple aucun système de tri (tous les déchets, tels que le plastique, le verre, l'aluminium et le papier sont brûlés ensemble) et utilise principalement du charbon et du gaz pour le chauffage de ses (vieux) bâtiments durant une bonne partie de l'année. De plus ses habitants prennent pour habitude de laisser une foule de détritus dans les parcs et forêts aux alentours des zones habitées.
Ces (in)actions visibles en quelques jours de voyage nous laissent forcément songeurs, qui plus est en sachant que la Russie est le plus grand pays du monde.
Anecdote croustillante : notre hôte kazan (ou possiblement kazanais, kazanois ou kazanard) aura sorti sa plus belle tenue en notre honneur et celle de notre beau canton. Quel sacré artiste ! A rendre jaloux plus d'un valaisan.

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