La suite de ce périple nous conduit toujours plus à l'est en direction du majestueux lac Baïkal. Avant de véritablement y arriver, une petite halte dans la ville d'Ekaterinbourg nous permettra de faire une visite rapide et d'acheter diverses subsistances pour les 3 jours de train à venir.
L'arrivée à Ekaterinbourg, ville nommée en l'honneur de la future impératrice de Russie au début du 18e siècle, se fait sous la pluie en fin d'après-midi. Ces premières gouttes récoltées inaugurent enfin notre projet après plus de 2 semaines de route. De plus et heureusement pour nous, notre hôte Tatiana est sur le chemin et vient nous récupérer directement à la gare. La soirée s'annonce donc aquatique, et cela sans compter sur Costa, sa tendre moitié, qui crève de soif. Son calcul est simple : nous sommes quatre, donc quatre bouteilles (trois de vin et une de Vodka) devraient faire l'affaire. Et elles la firent. Résultat : une soirée mémorable emplie de rires et d'anecdotes géniales.
Note à soi-même pour la suite : éviter, si possible, d'accepter un skype familial après une telle soirée.
Le jour suivant est synonyme de visite de la ville, facilitée par une ligne rouge proposée aux touristes pour apercevoir les bâtiments et endroits susceptibles d'intérêt. Un de ces bâtiments est justement l'Eglise sur le sang versé en l'honneur de tous les Saints resplendissants dans la Sainte-Russie construite récemment pour commémorer l'assassinat du tsar Nicolas II et de sa famille durant la guerre civile en 1918 par les bolcheviks. La longueur du nom semble à priori être plus grande que l'église en elle-même. Exploit bonvinesque, Jérôme réussit à acheter une carte SIM à jeune vendeuse russe ne parlant que sa langue nationale. Et tout cela uniquement avec le langage universel des mains, et Ouais! (Futur vainqueur du jeu « mimer c’est gagner"?)
La ville de Catherine marque la frontière entre l'Europe et l'Asie en étant physiquement représentée par l'Oural. Les jours suivants s'annoncent trépidants avec 3 nuits en train en direction d'Irkutsk et du lac Baïkal. Première expérimentation d'un séjour sur rail longue durée. Compartiment 2e classe, avec comme colocataires :
Niveau inférieur. Femme mûre d'environ 55-60 ans. Travaille dans le pétrole. Langue russe uniquement. Passion du moment : Google translate Russian - French. Ne ronfle pas.
Niveau supérieur. Homme âgé et retraité. Sans profession connue. Intérêt poussé pour les mots croisés. Hobby particulier : examen méticuleux de l'horaire du train pour connaître la prochaine pause clope.
Ce trajet nous restera assurément en mémoire comme une très calme et belle aventure qui nous aura permis principalement de nous reposer, mais aussi de prendre le temps de repenser ce début de voyage et d'essayer de mettre à jour nos priorités du moment, ainsi que d'avancer quelque peu sur notre blog et nos photos.
Irkutsk nous accueille finalement à bras ouverts (ceux de Dimitri et Jagoda). Après une bonne douche permettant de se refaire une fraicheur en éliminant toute trace de résidus tabagique (cf. voir qualité colocataire ci-dessus), nous embarquons pour une virée en couple dans le centre d'Irkutsk. Ce dernier est intéressant, car essentiellement composé de petites bâtisses en bois, construites au milieu du 19e siècle. Nous en profitons pour en visiter une, qui est spéciale du fait de son histoire : elle fut construite par une famille de décembristes, les Volkonsky en 1846.
Légère note historique : les décembristes sont un groupe d'aristocrates révolutionnaires ayant voulu libérer les serfs et garantir la liberté d'expression à St-Petersbourg. N'ayant pas réussi à renverser le système, cette insurrection se termina par une débandade folle le 14 décembre 1825. Ces hommes se retrouvèrent finalement envoyés dans des camps de travail dans toute la Sibérie, et plusieurs de leur épouse, certainement trop amoureuse, prirent l'option de les suivre et de s'installer près des bagnes.
La soirée continue, avec nos hôtes du weekend, dans un bar en mode live musique. Faits surprenants, nos deux couples se ressemblent sous de multiples facettes. Mêmes âges, mêmes types de métier, mêmes plaisirs gustatifs, mêmes goûts cinématographiques. Unique minime divergence, elle est sauvagement enceinte !
Cette ville, malgré quelques quartiers sympas, ne nous a pas follement marqué et nous la quittons après 2 jours pour atteindre le grand, l'unique, le magnifique lac Baïkal et sa petite île d'Olkhon.
Cinq heures de bus sur terre, cailloux, goudron et même métal d'un pont de Ferrie nous permettent de poser le pied sur ce sublime petit monceau de terre, dans le seul village de l'île : Khoujir. Nous atterrissons, grâce à l'aide du CouchSurfing, dans la communauté Philoxenia (NDA. Amour des étrangers) créée par Sergei, un farouche russe ayant tout de même vécu quelques années à Paris. Sacha, Daniel, Vitaly et Victor nous accueillent avec joie. Ils sont russes et vivent durant la période estivale sur l'île, vaquant à leurs occupations principales de profs de paddle ou loueur de tipis, et entretenant en plus la communauté (accueil des arrivants, jardinage, travaux divers...)
Ces 5 jours passés parmi eux sont tout bonnement délectables, et cela bien que l'automne ait pointé le bout de son nez.
Les diverses balades sont magnifiques, les rencontres intenses, les repas et soirées conviviales à souhait et terminées à chaque fois au coin d'un feu. Le doux mélange étrangers/locaux met en exergue ô combien l'être humain peut bien s'entendre et se comprendre.
Nous rencontrons aussi dans cette communauté Marine et Pierre, couple de Français du Nord et Gui, Israélien en perdition dans cette partie du globe, avec qui nous partagerons multiples moments : randonnées diverses, dissertations éparses devant de magnifiques couchers de soleil ou bien évidemment baignade frigorifique dans le lac. Pour info, la température de l'eau avoisinait les 10 degrés. La description de ces instants peut facilement se faire en un seul mot : bonheur. Nous provoquerons les retrouvailles avec ces amis de passage, quelques jours plus tard, dans la capitale mongole.
La volonté de rester plus longtemps dans ce havre nous a traversé l'esprit plus d'une fois. Malheureusement pour nous, notre visa est arrivé bien trop vite à terme et nous traversons la frontière avec la Mongolie au dernier jour de sa validité.
Voilà, une nouvelle page se tourne avec comme prochaine étape, la Mongolie et toutes ses diversités : religion bouddhiste, steppes à perte de vue, cuisine à priori pas trop bonne, yourtes... Nous nous réjouissons de façon méfiante et attendons de voir avant de juger. Au plaisir !
Anecdotes croustillantes (au sens culinaire du terme)
La Vodka est bien meilleure, lorsqu'elle sort du freezer.
Et elle n'est pas faite à base de pomme de terre.
La salade russe s'appelle ici salade Olivia (et les montagnes russes -> montagnes américaines, comme quoi !)
Nous avons eu le plaisir de gouter un poisson issu de la contrebande, qui était excellent.
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