Mongolie - à la poursuite des nomades
- Jérôme
- 14 oct. 2019
- 5 min de lecture
Les quelques jours au calme au milieu du lac Baïkal nous ont permis de reconnecter avec dame nature après plusieurs semaines passées entre grandes villes Russes et couchettes de train. Les bienfaits de ces balades ont été positifs et nous ont motivés pour la suite qui s’annonce grandiose : des steppes à perte de vue, un ciel étoilé, la nature omniprésente, la liberté. C’est parti pour la Mongolie.
Quelques chiffres tout d’abord. La Mongolie est le pays ayant la plus faible densité de population avec 1.7 personne par kilomètre carré (pour un total de 2.5 millions d’habitants). A elle seule, Ulaanbaatar - la capitale - en accueille déjà plus d’un million.
Premiers pas dans Ulaanbaatar
Parlons-en justement de cette capitale définie par nombre de voyageurs comme la ville la plus immonde au monde. Construite dans une immense cuvette, son centre-ville regroupe de hauts bâtiments en partie délabrés, alors que les flancs des collines avoisinantes sont couverts de yourtes traditionnelles. L’inconvénient majeur de cette composition est la forte pollution résultante du chauffage par charbon des yourtes qui ne parvient pas à s’échapper en hiver de la cuvette. Une autre source de pollution est le nombre incalculable de voitures essayant de se frayer un chemin dans les rues surchargées à toute heure de la journée. Heureusement pour nous, notre premier dimanche dans la ville est synonyme de journée sans voiture avec les rues du centre ville ouvertes totalement aux piétons, trottinettes, poussettes, vélos et autres skateboards ; et cela fait du bien de se balader au calme sous un soleil automnal ! Après quelques visites de temples en tout genre et de la place Sukhbaatar, nous partons avec réjouissance pour une virée de deux semaines en direction du Sud tout d'abord vers le désert de Gobi pour revenir par la suite au centre de la Mongolie entre monts et vallées. Le tour souhaité est planifié depuis plusieurs mois, et c’est avec quelques minutes de retard, que chauffeur et guide nous rejoignent de bon matin devant notre guesthouse.

Avec une équipe de choc
Michou, jeune guide mongole de 28 ans ayant appris le français lors d’un séjour prolongé au Maroc nous gratifie d’un chaleureux accueil dès notre rencontre. Grâce à elle, nous allons découvrir la culture et l’histoire de ce pays de l’intérieur avec toutes ses anecdotes et explications intéressantes. Aline trouvera en elle une vraie copine durant ces deux semaines.
Tuk, chauffeur de longue date, bientôt quinquagénaire, possède une conduite extrêmement calme sur route, mais se transforme par contre instantanément en l’équivalent mongol d'un Colin McRae au volant de la Mitsubishi Evolution Delica sur les pistes bosselées des steppes. Un doux mélange de travers, montées au rupteur et dérapages (pour la plupart contrôlés) qui aura au moins le mérite de nous pousser à mettre la ceinture.
Ces deux personnages voyagent depuis quelques années ensemble et partagent une complicité tout à fait charmante, pleine de sourires et de chamailleries.
Dans les paysages divers
Notre descente vers le sud nous propose immédiatement une image fidèle de la Mongolie : steppes lisses à perte de vue avec ça et là des troupeaux semi-sauvages de chèvres et moutons, de chevaux, de vaches et parfois même de chameaux. Paysages similaires durant les 2-3 premiers jours. En se rapprochant de la frontière chinoise, la végétation se fait de plus en plus rare et la poussière vient stimuler nos narines non habituées. Après quelques écarts dans de magnifiques collines rocheuses créées par des glaciers préhistoriques, nous arrivons finalement en fin de journée à la dune de Khongor, véritable bijou du désert de Gobi. Son ascension compte officiellement comme entrainement PDG avec quelque 300 mètres de dénivelés à plus de 1900 mètres d’altitude. À son sommet, la vue sur l’ensemble du désert et les plaines environnantes est somptueuse et valait véritablement l’effort effectué.
La remontée vers le centre se fait en plusieurs étapes avec nuits en yourtes dans des familles ou des camps. Les paysages changent gentiment et laissent place à des collines de plus en plus élevées, couvertes parfois de forêts, essentiellement de mélèzes s’amusant à prendre des teintes jaunes et orangées, prémisses de l’automne en cours. Quelques lacs s’invitent également à la fête en reflétant l’horizon et le ciel toujours bleu. De nuit, le ciel justement se transforme en une magnifique carte lumineuse regroupant une quantité innombrable d’étoiles, de planètes, de galaxies. Cela faisait bien trop longtemps que nous n’avions pas vu un spectacle pareil, difficilement visible en Europe à cause de la pollution lumineuse. Mais la Mongolie n’est pas seulement paysages, troupeaux et yourtes ; à tout cela, il convient également d’ajouter l’esprit bouddhiste qui se ressent fortement dans cet ensemble avec ses monuments et constructions: monastères, stupas, bouddhas… Leur histoire nous a permis de mieux comprendre la culture mongole ayant grandement souffert lors des diverses invasions russes ou chinoises.
Alimentés par des mets peu variés
Autant vous le dire tout de suite, la nourriture mongole tourne uniquement autour du mouton. Et cela n’est pas si dégueu qu’on le dit. La première journée nous mit rapidement dans le bain : diner composé de mouton accompagné de riz-purée et de quelques petites carottes ; on se serai cru chez grand-mère Maguy, l’indigestion en moins. Arrivée chez la famille en soirée : salade de tripe suivie d'une soupe de mouton, patates, oignons et choux. Un copié-collé pour les 15 jours suivants décrira moyennant quelques minimes adaptations notre alimentation très carnée. Et même le loup semble aimer le mouton, en en croquant un morceau lors de notre dernière nuit chez l'habitant.
Côté boissons et dessert, c’est le lait qui domine, et de très loin.
Breuvage de bienvenue : thé au lait. Breuvage de bienvenue un jour de soif : lait de jument fermenté. Boisson de bienvenue un jour de très grande soif : vodka réalisée à base de lait de yack. Avec surprise, tout cela se boit très facilement, et on en redemande (enfin Jé). Côté sweetness, le fromage sec, voire très sec, salé ou sucré est proposé en conclusion du repas, et pourtant là on s'en passerait bien...
Accueillis de façon incroyable
Une de nos envies principales en Mongolie était de rencontrer et de partager des moments de la vie des familles nomades. Lors de notre première soirée, nous sommes invités à un évènement traditionnel mongol, celle de couper les cheveux des jeunes garçons de 3 ans leur permettant de « renaître » en jeune homme. Autant vous dire, l’excuse est bonne pour manger plus que de raison, s'assurer que l'hydratation est optimale et schnouffer fortement un tabac à l’encens (cette coutume se veut synonyme d’accueil et de respect). Les journées, elles, sont variées et instructives. En voici une en exemple : réveil au coin du feu et déjeuner, Aline s’essaie ensuite à la traite des mamans yacks pendant que Jé parque leurs bébés. Nous les amenons ensuite vers de beaux pâturages, où ils passeront la journée avant de rentrer le soir au bercail. Nous continuons avec une session cuisine : repas de midi pour Aline avec confection de raviolis fourrés au mouton, appelés Buzz, tandis que Jé sue en remuant un assemblage de vieux fromage et de sucre pour créer le dessert typique mongol. Il faudra encore aller chercher de l’eau à la rivière en moto, couper du bois et récupérer le troupeau de moutons et chèvre au loin.

Ces moments permettent de découvrir avec quelle simplicité ces familles arrivent à vivre. Ils n’utilisent qu’un panneau solaire et quelques batteries pour l’électricité du ménage (une lampe, un frigo, une TV et un téléphone), de la bouse séchée ou du bois pour la cuisine et le chauffage, l’eau des rivières ou des puits servant à la cuisine et aux tâches ménagères et les toilettes sèches un poil plus loin ont une vue dégagée. Que demander de plus ?

Là-dessus, nous rentrons à la capitale, qui est couverte d’une fine pellicule de neige, et prenons le train pour Pékin. Après deux semaines passées complètement seuls en pleine nature, nous appréhendons légèrement l'arrivée dans une des villes les plus peuplées du monde. Et cela pendant le National Holiday, autrement dit, l’unique semaine de vacances de toute la Chine. On ne se réjouit qu’à moitié.
Anecdote croustillante
Quelle est la probabilité qu'Aline se fasse uriner dessus par une chèvre swag ?
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