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Chine - un moment de dépaysement

  • Photo du rédacteur: Jérôme
    Jérôme
  • 26 nov. 2019
  • 8 min de lecture

Dernière mise à jour : 31 déc. 2019

Le départ de Mongolie s’est fait sous la neige et avec un brin de nostalgie. Nous savions en effet ce que nous quittions, mais redoutions la violence du contraste en arrivant à Pékin. Autant le dire tout de suite, le contraste fut saisissant ! En voici quelques extraits.


Beijing pendant les vacances nationales

Nous débarquons sur le quai de la capitale chinoise en plein milieu de la semaine de vacances nationales commémorant les 70 ans de la République populaire de Chine. Cela signifie en gros qu'une bonne partie du pays s’est regroupé dans la capitale pour voir les défilés, écouter les discours officiels et visiter les incontournables touristiques.

La sortie du train se fait paisiblement, tout comme la descente de la rampe d’accès. L’arrivée dans le sous-voie de la gare nous immerge directement dans ce qui sera le quotidien de nos 5 prochains jours. Un flot de bridés, munis pour la plupart de valises à roulettes et ayant pour main droite un téléphone portable éclairé, cheminent simplement en suivant tels des moutons leur compère de devant. Ces déplacements de foule imagent bien les principes de la dynamique des fluides étudiés pour ma part il y a quelques années (rem. le flux des scooters dans les villes asiatiques répondent aussi à ce principe). 



Nous trouvons finalement une auberge dans un des traditionnels hutongs de la ville et partons à la découverte des alentours. Première impression : ville très animée et bruyante. Les chinois ne sont en effet pas discrets et prennent plaisir à se manifester vocalement dans les rues. Ils semblent surtout essayer de se faire une place dans ce pays surpeuplé. De notre côté, la ville se découvre de façon purement traditionnelle. Les visites de la place Tian’anmen, de la cité interdite et des multiples temples sont effectuées sous un flot débordant de touristes chinois et ont pour effet de nous achever rapidement. Cette ville ne laisse pas place à une immersion en douceur. Dès le début, nous avons pris la vague en pleine face. Épuisés, nous quittons la capitale avec un sentiment mitigé en direction de Simatai et de la Grande Muraille de Chine, avec l’espoir sincère de vivre un moment inoubliable de notre voyage.


Randonnée sur le mur

Et moment inoubliable il y a eu ! La partie récemment rénovée de la muraille à Simatai ne nous a tout de suite pas intéressés, car elle peut être uniquement visitée dès 9.00 et moyennant des coûts importants. Il nous fallait donc une autre variante. Heureusement pour nous, notre hôte fraichement retraité, appliqué à communiquer uniquement à travers son traducteur mandarin-français, nous propose une variante super intéressante : lever aux aurores et trajet en direction de Jinshanling ; il viendra nous récupérer en fin de journée à Goubeikou, 14 kilomètres plus loin. Option proposée validée à l'unanimité - en voiture Simone. Réveil 4.15 - départ 4.30 - accès au portique d’entrée 5.15 - dépassement du garde ouvreur dans la phase d’approche 5.30 - premiers pas sur la grande muraille 5.45. Et nous y voici, à la lueur de nos lampes frontales, marchant sur ce qui constitue une construction folle commencée au troisième siècle avant J.-C. Nous profitons de ce moment en amoureux, sans aucun autre visiteur, pour nous asseoir et admirer avec simplicité le lever de soleil sur cette merveille. 



Une fois le soleil dans le ciel, une randonnée plutôt exigeante peut commencer et nous prendra une bonne partie de la journée. Fait intéressant, la muraille a été rénovée récemment à Jinshanling, mais plus nous progressons sur elle, plus elle apparait non entretenue et délabrée. Nous croisons finalement quelques randonneurs faisant le trajet en sens inverse et arrivons en milieu d’après-midi à Goubeikou non sans mal ; effectivement, au moment de quitter cette merveille pour descendre en direction de la ville, une alternative s’offre à nous. Continuer encore un ou deux kilomètres sur un tronçon non entretenu de la muraille et rejoindre Goubeikou par un autre chemin visible sur la carte. Vote officiel et démocratique - résultat nul (un partout) - droit d’ainesse approuvé - mal nous en a pris. Nous avançons petit à petit dans une broussaille de plus en plus dense, soutenus dans nos efforts par de multiples serpents et bébêtes. Au bout d’une bonne demi-heure de lutte et de tension palpable à suivre un chemin quasi-inexistant, nous arrivons sur un passage plus praticable et traversons une porte grillagée ouverte. Le calvaire semble être terminé, enfin. Malheureusement non ! Après quelques mètres, nous remarquons que nous sommes dans un endroit suspect au milieu d'une cinquantaine de militaires en exercice... Jérôme salue avec sang froid les gradés, qui le gratifie en retour d’un hochement de tête, et nous filons vite fait bien fait vers la sortie, enfin vers une grille de 4 mètres de haut gardée par 2 militaires en faction. Ces derniers, surpris de nous voir de ce côté de la barrière, nous ouvrent cordialement et nous invitent à sortir. 

Introduire une base militaire chinoise : CHECK !


Les villes chinoises

Après cette magnifique balade, nous quittons ce majestueux mur avec des souvenirs plein la tête, en direction du sud. La finalité de ce périple chinois étant l’accès au Laos, nous avions planifié un trajet plutôt direct en direction du sud-ouest, passant en premier lieu par trois grandes villes intéressantes : Datong, Xi’an et Chengdu (3.3mio, 6.5mio et 9.2mio d’habitants tout de même). L’intérêt culturel et historique de ces villes est certain. Datong possède un temple suspendu de toute beauté et surprenant du point de vue statique, ainsi que les grottes de Yungang regroupant quantité d’immenses bouddhas taillés dans la pierre. Nous visitons à Xi'an la célèbre armée de terre cuite et la vieille ville et profitons des quelques jours à Chengdu pour découvrir l’histoire de la ville, visiter la réserve des pandas et explorer Leshan et son plus grand bouddha du monde d'une hauteur de 70 mètres. Les trajets entre ces villes sont effectués en train à grande vitesse, atteignant officiellement les 350 km/h et proposant un confort de qualité. Quoi de mieux pour planifier, trier les photos, grignoter et bouquiner, avec en primeur à chaque fois un wagon de bridés auscultant et discutant de nos moindres faits et gestes.


images à faire défiler


Mais pour nous, ces villes sont tout autant surprenantes par leur développement et agrandissement violent. En effet, d'immenses quartiers d'immeubles, pour la plupart de logements, sont en construction en périphérie de celles-ci. Ça bétonne de toute part, et ça fait peur. Au moment actuel où la volonté de ralentir la croissance économique apparait dans nos contrées, l’immense Chine ne semble pas encore tout à fait consciente des enjeux actuels avec ses risques à moyen terme. 

Autre fait à mentionner, lié à la consommation énergétique maintenant ; l'ensemble des immeubles chinois sont conçus avec une ou plusieurs climatisations par appartement, mais sans aucune protection solaire extérieure. Belle aberration énergétique, qui pourrait s'expliquer peut-être, en cherchant bien, par la difficulté d’entretien des stores (causé par la pollution et le sable)...



Adieu les villes, bonjour la nature

Après plus de 10 jours à vadrouiller dans les villes, le besoin de nature et d’évasion s’est fortement (encore) fait ressentir. Nous prenons donc deux billets de train direction Guilin - Yangshuo et leurs pics karstiques. Au programme : balades à vélo le long de la rivière, ascensions des petites collines pour admirer la vue et profiter d'un coucher de soleil ou spectacle nocturne dans le plus grand théâtre à ciel ouvert du monde réalisé par Zhang Yimou, ayant orchestré les cérémonies d’ouverture et de clôture des JO de Pékin et mettant en scène plus de 600 figurants sur l’eau. Ces quelques jours hors des grandes villes nous ont vraiment confortés dans l’idée que la nature joue un rôle essentiel dans nos vies et sur nos humeurs, à Aline et moi, et qu’il est difficile pour nous d’être pleinement satisfaits dans ces mégalopoles surpeuplées. Suite à cela, nous nous permettons un détour supplémentaire par Lijiang pour effectuer un trek de 2 jours dans les gorges du saut du tigre. Cette partie ouest de la Chine a son plateau situé à une altitude de plus de 2400m. Les gorges, elles, font partie des plus profondes du monde avec leurs sommets enneigés frôlant les 5600 mètres et des escarpements abrupts de plus de 2000m. Bien que la météo était plutôt capricieuse, nous repartons de cet endroit conquis et heureux. Les derniers jours chinois visent le Laos et son calme avec quelques trains et bus de nuit pour passer la frontière.


images à faire défiler


La nature de ses habitants / le tourisme chinois

Pour un Occidental, la visite de la Chine est surprenante et dépaysante. Principalement parce que les Chinois voyagent beaucoup dans leur pays. Nous nous retrouvons dès lors dans toutes les visites ou points d’intérêt à jouer des coudes avec ces consommateurs locaux pour saisir la plus belle photo ou attraper les dernières places de bus disponibles. Le pourcentage de blancs est quasi néant et crée la sensation d’être les seuls voyageurs, nous permettant une immersion en toute profondeur.


La nature des Chinois maintenant :

  • Le raclement de gorge, le crachat, le rot et le pet sont depuis toujours autorisés en Chine (les JO 2008 n'ayant pas réussi à enrayer la machine à déjection) et doivent être réalisés le plus bruyamment possible. Validées par la médecine chinoise, ces « actions » permettent d’expulser du corps tout ce qui est nocif et à risque. Autant vous dire que la première semaine fut charmante en sursaut et dégout. Par la suite par contre, nous ne nous sommes pas gênés de nous mettre à niveau. On vous laisse imaginer...

  • Le chinois est aussi très généreux. Il souhaite en tout temps nous faire profiter au maximum de sa vie. Il mettra par exemple le volume au maximum lorsqu'il regardera un film ou sera en conversation téléphonique. Il partagera aussi avec plaisir son dernier repas avec vous, en vous soufflant délicatement son haleine perfide en peine face.

  • Finalement, le chinois moyen est accro profond à son petit rectangle technologique. Impossible de s'en passer plus d'une minute, ni du reste de nouer contact avec un étranger hors de cet écran. Les paiements dans la vie de tous les jours se font toujours avec ce gadget. D'ailleurs de nouvelles maladies chroniques sont apparues ces dernières années en raison de cette tête constamment baissée et rivée vers le bas.

La chine et ses extrêmes 

Depuis de nombreuses années, la Chine est devenue experte dans le domaine des énergies renouvelables. Les panneaux solaires sont développés, optimisés et posés sur de nombreux bâtiments, ainsi que sur quelques collines (voir image ci-dessous), les éoliennes prennent le vent dans toutes les régions, avec même des modèles réduits posés sur les lampadaires de certaines rues et les barrages fleurissent à tout bout de champ sur les rivières et à toutes places d’intérêt. Le plus célèbre des barrages est bien évidemment celui des trois gorges construit en 2006-2009 et fortement médiatisé en raison du déplacement forcé de plus d'1.8 million d’habitants (15 villes et 116 villages engloutis). Malheureusement, le développement et la mise en place de ses énergies renouvelables ne visent pas à remplacer les énergies fossiles (et essentiellement le charbon), mais à les suppléer pour répondre à la demande énergétique de plus en plus grande. En gros, la Chine est extrême : experte en renouvelable et première productrice de charbon (47% de la production mondiale en 2017).



Autre situation trouvée dans les supermarchés. La majorité des produits de première nécessité sont disponibles en vrac. Malgré cela, multitude de fruits, de biscuits ou de chocolats sont doublement ou triplement emballés. 



Nous quittons la Chine après 30 jours avec un sentiment mitigé. Assurément, nous avons adoré les paysages, les monuments et l’histoire de ce pays. Aline a déjà préparé une liste longue comme le bras d'autres régions que nous souhaiterions visiter dans un avenir proche (Tibet, montagnes multicolores, montagnes jaunes, Shanghai et environ, Hong-kong…). De l’autre côté, les Chinois nous ont littéralement épuisés. Comment est-ce possible de vivre (ou survivre) en Chine de nos jours, avec autant de monde? Il nous est du reste impossible d’imaginer la Chine dans 50 ans avec l’évolution de la population et de la croissance économique. Cela nous laisse songeurs…


Assurément, nous allons profiter des premiers jours au Laos, avachis dans un hamac, pour y (re)penser plus en détail.

À tantôt !


Anecdote croustillante

La visite des grottes de Yungang fut très belle. Nous nous sommes fait cependant suivre de (très) près pendant plus de 45 minutes par un jeune homme à priori dérangé faisant multiples signes de croix. Lui demandant gentiment et inlassablement d’arrêter cette filature indiscrète et malaisante, sa seule réponse fut de nous montrer une boussole astrale à oscillation variable sur son téléphone.. ok.

1 Comment


Carol Bonvin
Carol Bonvin
Nov 26, 2019

Avez-vous vu un des multiples cortèges à Beijing commémorant le 70ème ? Nous avons des amis Suisses qui y étaient et ont raconté des impressions similaires. Vos bains de foule dans cette ville ont dû être épuisants ! Dominique connaît (et n’apprécie pas spécialement) Beijing, moi pas. Il a marché sur la Grande Muraille aussi mais juste un petit bout. C’est génial d’y avoir fait une longue marche (attention les chemins secondaires) ! Ici à Denges tout va bien, on installe actuellement une source d’energie verte — non non, pas une éolienne, une pompe à chaleur. Hugs and kisses,

Carol

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© INTENSEMENT EN PISTE - Aline et Jérôme

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