Le Cambodge se dresse sur notre route après un passage fortement apprécié au Laos, pays rempli de calme et de nature. En discutant avec des voyageurs, nous nous rendons compte que cette destination est généralement appréciée, mais que certains ne s'y sont pas sentis à l'aise (peut-être en raison de son histoire récente avec les Khmers rouges ou de la corruption grandement présente). Après 30 jours passés dans ce pays, voici notre compte rendu et nos ressentis.
Et nous voici directement dans le vif du sujet dès le passage de la frontière Tropaeng Kreal, réputée comme l'une des plus corrompues au monde. Après lecture de nombreux blogs, la norme serait de laisser entre 4 et 15 dollars de plus que le prix officiel du visa. Certains paient le montant demandé avec le sourire, d'autres tentent une lente et longue négociation avec les douaniers et avec tous types de raisons évidentes : financière (budget limité), étique (lutte contre la corruption) ou liée à l'égo (compétition avec les voyageurs pour qui payera le moins). Ainsi, pour éviter les plus-values non officielles sur le prix du visa-on-arrival, nous avons profité de notre halte à Vientiane au Laos pour le faire à l'ambassade cambodgienne : 30$ tout rond par personne en 10 minutes chrono (comptez en moyenne 30 à 40$ le visa sur place, en fonction de votre tête). Au poste de sortie du Laos, nous avons ensuite refusé de payer les 10$ par personne pour une feuille reçue à notre arrivée au Laos et qu'on avait jetée quelques jours plus tôt (vous connaissez l’histoire de la bouteille d’eau pas fermée dans le sac ? Bah voilà ^^), ce qui n'a pas posé problème, car nous étions plusieurs dans le même cas. Cependant, nous avons déboursé 2$ pour le stamp (le tampon quoi). Il semblerait que cette activité se rapproche du métier le mieux payé du pays... Nous avons aussi donné 2$ pour le deuxième stamp, à l'entrée du Cambodge, et tout cela avec le sourire (mais oui Monsieur l'agent, je vous le mets directement dans la poche ?). Résultat, des 30 touristes traversant la frontière au même moment, nous nous en sortant très bien : l'anticipation suisse dans toute sa splendeur.
Entrée au pays effectuée sans autres soucis ; cap au nord-est vers Banlung, capitale de la province du Ratanakiri.
Banlung - nature et générosité
...et le bus nous déposa au centre-ville, où nous attendait Puthea, le gérant de notre guesthouse venu nous récupérer avec son tuktuk. Sans le savoir, nous rencontrions à ce moment le meilleur hôte qui puisse exister! Sa guesthouse, the Family house, porte vraiment bien son nom. On y est comme à la maison, et après plus de 3 mois de voyage, ça fait du bien. Soir et matin, tous les clients se retrouvent à la même table et partagent les plats amoureusement concoctés par la femme de Puthea. La nourriture est excellente, variée et en quantité. Mention spéciale pour les fruits de la région qui ont un goût exquis et des couleurs incroyables.
Nous passons notre première journée à découvrir les alentours avec une jeune Française Noémie, rencontrée à l'auberge. Visite de plusieurs cascades et d'un lac de cratère, dans lequel nous avons pu nous baigner.

Première tourista carabinée pour Aline droit derrière, qui restera alitée et chouchoutée par Puthea et sa famille durant les 3 jours suivants, tandis que Jéjé partira en trek de 2 jours dans la jungle avec Vincent et Juliette, deux "artistes" français à l'humour prononcé. Au menu : remontée d'une rivière en barque, découverte d'un village local et son école, randonnée dans la jungle aux abords d'un parc national, nuit en hamac à la belle étoile, baignade en cascade, soupe réalisée dans un bambou, expédition nocturne, dégustation d'araignée, chasse et déterrage de tarentules, jeux de cartes, happy water... Deux jours passés trop vite à la découverte d'une partie reculée du pays et accessible uniquement par bateau ; en bonne compagnie ; un beau souvenir.
à faire défiler
Je récupère une Aline qui va beaucoup mieux, et départ en direction de la capitale, avec une petite halte de deux jours à Kratié sur le passage. Cette ville tranquille est idéale pour ressentir l'atmosphère de la culture khmère avant d'atteindre la capitale. Nous passons entre autres une demi-journée à vélo sur la très belle île de Kaoh Trong située sur le Mékong et découvrons notre premier village flottant.
Phnom Penh - violente piqure de rappel de l'histoire khmère
La capitale du Royaume du Cambodge est busy, emplie de trafic et certains quartiers sont très sales. La pauvreté y est aussi fortement visible avec foule de sans-abris. Beaucoup de recommandations concernant les nombreux vols à la tire et escroqueries diverses nous sont faites par les locaux que nous rencontrons. Nous ne nous sentons pas super à l'aise, en sachant de plus que nous allons plonger en profondeur dans les atrocités de l'histoire khmère rouge.
La visite de Tuol Sleng (ou prison S-21) est dure, prenante, émouvante... Elle nous fait mieux comprendre la folie perpétrée par les Khmers rouges et son chef Pol Pot. Durant les années 1975 à 1979, le nouveau régime en place soumit la population à une dictature hyper violente. Résultat : plus de 20% de la population (1.7 mio de gens tout de même) fut massacré sans relâche, et cela au nez et à la barbe des nations voisines et de l'ONU. Ils évacuèrent les villes du pays, opprimèrent la population (famines, multiples déportations...), persécutèrent et massacrèrent la population pour n'importe quelle raison. Ils gardèrent toutefois leur siège aux nations unies jusqu'en 1982, étonnant non !
Tuol Sleng est un ancien lycée transformé en centre de torture et prison en 1976. Le contraste entre ces deux mondes est immense. Il est facile d'imaginer foule d'enfants et d'adolescents écouter attentivement leur professeur ou jouer dans la cour de récréation, tout cela englobé d'éclats de rires et de sourires. Beaucoup moins simple cependant de comprendre l'entassement de prisonniers dans des conditions abominables, la torture infligée, les cris, les hurlements, l'horreur... Pour boucler la boucle, nous visitons aussi un killing field, ou champ d'exécution, situé en dehors de la ville. 17 000 personnes furent tuées ici, sans que les fermiers voisins ne se rendent compte de rien. Une mausolée regroupe en son centre quelque 8 985 ossements.
à faire défiler
Après cette journée émouvante et parfois intenable, nous passons une journée balade dans le centre ville à visiter les lieux intéressants et à se perdre dans les marchés, avant de partir vers la plage et le calme.
Les îles du Sud - Koh Rong Samloem
Nous atterrissons dans la plus petite des deux îles de Koh Rong. Un havre de paix, un calme profond, des plages magnifiques, de l'eau transparente, du sable blanc.
Quelques balades, de magnifiques couchers de soleil, des bons petits plats, d'excellents jus de fruit. Que dire de plus, on y serait bien resté un mois. On vous laisse découvrir ce petit paradis en images.
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Kampot - pas la pomme, mais le poivre
Sortie du farniente et direction Kampot, ville célèbrement connue pour son poivre. Son centre est attachant avec foule de petits magasins, de cafés et de restaurants "tout chou". Nous nous y plaisons beaucoup.
Nous visitons aussi La Plantation, une ferme de poivre organique, mais aussi un projet familial d'écotourisme social et durable. Son but est de donner du travail à plusieurs familles cambodgiennes vivant dans la région (150 personnes actuellement), en garantissant un produit de qualité. La visite guidée de la ferme et la dégustation de poivre est gratuite et super instructive. Un restaurant sur place met en exergue une carte tournant autour du poivre.
Nous passons aussi par Kep, pour retrouver Bryan et Julie, nos Combiers préférés rencontrés au Laos, et déguster le fameux crabe au poivre vert, un régal !
Siem Reap - Angkor et Angkor
Le haut lieu architectural du Cambodge nous attend pour nos derniers jours sur le territoire. Angkor, site archéologique mythique et capitale khmère entre le neuvième et quinzième siècle. Nous décidons de découvrir ce bijou principalement à la force des mollets en 3 jours. Nous couvrons donc plus de 90km à vélo durant les deux premiers jours pour réaliser les boucles officielles et nous perdre parfois dans des petits chemins peu fréquentés. Les levers de soleil sont sublimes, l'atmosphère envoutante, les ruines rongées par l'ère du temps et par la végétation. Une beauté, une merveille, un plaisir. Ces deux jours valaient clairement le mal de fesses et les courbatures résultants de la découverte de ce magnifique sanctuaire.
Afin de visiter d'autres magnifiques temples plus éloignés, nous partageons un tuktuk le troisième jour avec trois Françaises, dont nos deux acolytes Doriane et Tara rencontrées au Laos.
à faire défiler
La ville de Siem Reap, collée aux temples d'Angkor, est vivante et attrayante. Nous apprécions les soirées au marché de nuit à tester tout type de nourriture variée. Jé craque souvent sur les desserts proposés. Nous nous y plaisons. Noël se rapproche fortement sans que nous nous en apercevions. Certainement en raison du manque de vin chaud renversé sur les gants ou des températures élevées (plus de 30 degrés en journée).
Nous passons finalement Noël à Battambang, petite ville proche de la frontière thaïlandaise dans un magnifique hôtel offert par Grand-maman Ida. Un grand merci pour le cadeau, on a que pu apprécier ! Petite mention spéciale pour le cirque de Battambang, un spectacle de haut vol, empli de poésie et d'humour.
Et la suite ?
Suite du périple avec une semaine à Bangkok pour fêter le passage en 2020, et ensuite la région de Kanchanaburi, où une retraite silencieuse Vipassana de 10 jours nous attend. Une façon de commencer 2020 avec une expérience forte et différente. On vous racontera tout ça en détail.
On profite de cet article pour vous souhaiter un bon passage de nouvelle année en retard et de garder en tête que le bonheur de suivre ses envies est plus important que les pseudo obligations sociétales soi-disant imposées.
Prenez-soin de vous,
Nous deux.
Anecdote croustillante
Ce n'était pas une anecdote, mais c'était en effet croustillant. Un régal (ou pas) !
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